HIBAPRESS-RABAT-CAF
À 29 ans, Meryem Hajri a vécu une nouvelle finale africaine. Moins de deux ans après avoir mené le SC Casablanca jusqu’au sommet de la Ligue des Champions Féminine de la CAF – sans toutefois décrocher le titre –, (ndlr : défaire : 2-0 contre Mamelodi Sundowns) l’internationale marocaine est de nouveau en course pour un sacre continental. Cette fois, c’est avec le maillot national sur les épaules et des chaussures à semelles plates qu’elle rêve d’un titre.
Mercredi, à Rabat, elle a mené la sélection marocaine de futsal en finale de la CAN Féminine face à la Tanzanie. Une trajectoire unique, entre gazon et parquet, entre pressing tout terrain et combinaisons millimétrées. Une histoire d’adaptation, de passion, et de fidélité à deux disciplines qui ne partagent pas toujours la lumière.
Du gazon aux projecteurs continentaux
C’est à Casablanca, dans les quartiers où les enfants rêvent du Raja ou du Wydad, que Meryem Hajri a grandi, ballon au pied. Rapidement repérée pour sa justesse technique et sa capacité à lire le jeu, elle intègre très jeune les structures du football féminin marocain. C’est au SC Casablanca que sa carrière prend un tournant continental. En 2023, le club se hisse en finale de la Ligue des Champions Féminine de la CAF. Hajri est au cœur du jeu, capitaine sans brassard, véritable métronome du milieu. Cette année-là, le SC Casablanca tombe face à Mamelodi Sundowns (2-0), mais la prestation des Marocaines reste une référence. « On avait marqué l’histoire. C’était dur de perdre en finale, mais on avait montré qu’on était là, » confie-t-elle aujourd’hui.
La parenthèse futsal, devenue passion
C’est dans l’ombre du grand football que Meriem découvre le futsal, d’abord comme outil de perfectionnement technique. Puis comme discipline à part entière. « Au départ, c’était pour garder le rythme hors saison. Mais j’ai très vite aimé la vitesse, la réflexion constante, les automatismes collectifs. »
En 2024, elle fait ses premiers pas avec la sélection nationale de futsal. Et naturellement, elle devient une pièce maîtresse. En meneuse reculée, elle dicte le tempo, oriente les transitions et ne rechigne pas aux efforts défensifs. La CAN Féminine de Futsal 2025, organisée au Maroc, tombe à point nommé. Dans le complexe Moulay Abdellay, les Lionnes de l’Atlas enchaînent les performances solides : victoires contre la Namibie (8-1), contre le Cameroun (7-1), puis en demi-finale face à l’Angola (5-1). Mercredi, elles défieront la Tanzanie pour décrocher un tout premier sacre continental.
L’exemple d’une génération polyvalente
À l’heure où le sport féminin marocain vit une révolution portée par les succès du football à onze, le parcours de Meriem Hajri incarne une nouvelle vision : celle d’athlètes capables de briller sur plusieurs scènes, de jongler entre disciplines, sans jamais perdre en exigence. « Je ne peux pas choisir entre les deux. Je m’épanouis autant sur le gazon que sur le parquet, » dit-elle simplement.
Pour elle, le futsal n’est pas un repli. C’est une extension. Une chance aussi. « Le développement du futsal féminin ici va très vite. Il y a de la rigueur, des moyens, une vraie vision. Et cela offre plus de visibilité à des joueuses qui ont parfois moins de temps de jeu en foot à onze. »
Une finale dans la peau, mais une revanche à prendre
Il y a dans la voix de Meryem Hajri une forme de sérénité, forgée par les rendez-vous manqués et les combats menés. « Une finale, ça ne se joue pas, ça se gagne. On dit ça souvent, mais c’est vrai. Je l’ai appris à mes dépens avec Casablanca. Là, on veut aller au bout. Surtout à la maison. »