« Tu as changé le monde »: poignante cérémonie d’hommage à George Floyd

Hibapress / AFP

« Tu as changé le monde George »: le leader américain des droits civiques Al Sharpton a prononcé jeudi lors d’une cérémonie en hommage à George Floyd un émouvant éloge funèbre, aux accents politiques empreints de tristesse mais également d’espoir pour un monde meilleur, avec la promesse de « continuer le combat ».

Des manifestations, très généralement pacifiques et recueillies, ont une nouvelle fois eu lieu dans tout le pays pour réclamer justice et la fin des discriminations raciales. Des milliers de personnes toutes origines confondues ont ainsi défilé dans les rues de New York ainsi qu’à Washington, Seattle et Los Angeles, trois villes où le couvre-feu a été levé.

L’indignation continuait à dépasser les frontières. A Vienne, une manifestation a rassemblé environ 50.000 personnes, selon la police, une des plus fortes mobilisations enregistrées ces dernières années dans la capitale autrichienne.

A Minneapolis, famille, responsables religieux ou politiques et célébrités se sont rassemblés à l’université chrétienne North Central pour honorer la mémoire de cet Afro-Américain, dont la mort à 46 ans sous le genou d’un policier blanc le 25 mai a déclenché une profonde vague de colère.

La cérémonie, en présence de personnalités noires comme le rappeur T.I. ou le comique Kevin Hart, a commencé par une émouvante interprétation de « Amazing Grace » après que le maire, blanc, de Minneapolis s’est agenouillé en pleurs devant le cercueil.

Elle a notamment été marquée par une période de silence de 8 minutes et 46 secondes, le temps pendant lequel le policier Derek Chauvin est resté agenouillé sur le cou de George Floyd malgré ses supplications.

Prenant la parole, le frère du défunt, Philonise Floyd, a dénoncé sous les applaudissements « la pandémie de racisme et de discrimination » qui l’a emporté.

Le révérend Al Sharpton, figure du mouvement de défense des droits civiques, a prononcé un éloge funèbre très politique.

AFP / CHANDAN KHANNAAl Sharpton lors de son arrivée à la cérémonie le 4 juin 2020

« George Floyd ne devrait pas être parmi les morts. Il n’est pas mort d’un problème de santé commun. Il est mort d’un dysfonctionnement commun du système judiciaire américain », a-t-il déclaré, voyant dans le genou qui a écrasé le cou de George Floyd le symbole de l’oppression des Afro-Américains aux Etats-Unis.

« Ce qui est arrivé à Floyd arrive tous les jours dans ce pays, dans les secteurs de l’éducation, des services de santé et dans tous les aspects de la vie américaine », a-t-il proclamé, appelant la police à rendre des comptes.

A Donald Trump, qui a fait évacuer manu militari les abords de la Maison Blanche lundi soir pour poser devant une église, bible à la main, le pasteur baptiste de 65 ans a conseillé d' »ouvrir la bible ».

Cette dispersion des manifestants vaut d’ailleurs au président américain une plainte en justice déposée par la puissante association de défense des droits civiques ACLU et d’autres organisations. Elle vise également les ministres de la Justice et de la Défense.

AFP / Kerem YUCELLa famille de George Floyd pendant la cérémonie en son hommage le 4 juin 2020

Les messages du révérend faisaient écho aux manifestants qui, au même moment, se trouvaient sur le mausolée improvisé à l’endroit où George Floyd a été tué.

« Il y a un genou sur le cou de l’Amérique noire », a déclaré à l’AFP Kayla Peterson, une responsable des ressources humaines de la banlieue de Minneapolis. « Nous n’avons jamais été réellement libres. »

– Victoire et apaisement –

Filmée par une passante, la lente agonie du père de famille a provoqué un climat de tension que les Etats-Unis n’avaient plus connu depuis les années 1960 et le mouvement pour les droits civiques.

AFP / CHANDAN KHANNAVue aérienne du mémorial dédié à George Floyd à Minneapolis (Minnesota), le 3 juin 2020

Des manifestations dégénérant parfois en pillages et violences se sont déroulées dans tout le pays pour dénoncer les brutalités policières, le racisme et les inégalités sociales exacerbées par la pandémie de Covid-19.

La police a procédé au total ces derniers jours à près de 10.000 arrestations dans le pays, selon une estimation reprise par les médias américains.

Mais après plus d’une semaine de débordements, la situation semblait se calmer dans l’ensemble, les manifestants ayant obtenu une première « victoire » sur le plan judiciaire.

Hennepin County Jail/AFP / HandoutPhotos fournies par les autorités pénitentiaires locales des quatre policiers impliqués dans la mort de George Floyd

Comme ils le réclamaient, le procureur enquêtant sur la mort de George Floyd à Minneapolis a requalifié les faits en homicide volontaire et inculpé de complicité les trois autres agents présents. Ces derniers ont comparu au tribunal jeudi pour que leur caution soit fixée: entre 750.000 et 1 million de dollars chacun.

Accusé par l’opposition démocrate d’avoir jeté de l’huile sur le feu en menaçant d’avoir recours à l’armée pour mater la rue, Donald Trump continue à afficher sa fermeté.

« L’ORDRE PUBLIC! », a-t-il encore tweeté jeudi au petit matin en lettres capitales dans ce qui sera certainement l’un des thèmes de sa campagne de réélection jusqu’à la présidentielle du 3 novembre.

Une sénatrice républicaine d’Alaska, Lisa Murkowski, déçue par l’attitude de M. Trump, a confié à des journalistes qu’elle « hésitait » à apporter son soutien au milliardaire pour le scrutin à venir.

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