De Porto Alegre à Chefchaouen, l’expérience du budget participatif

Hibapress

Trois communes du Nord du Maroc se sont lancées dans l’aventure du budget participatif, une autre manière de penser la démocratie, une réponse à la crise du système représentatif.

De plus en plus critiquée, la démocratie représentative, telle qu’elle s’exerce dans nos sociétés, étale au grand jour ses limites. Alliée d’un soir d’élection, elle semble, le reste du temps, échapper aux citoyens aujourd’hui contraints d’user d’imagination pour s’inventer de nouvelles voies d’expression.

Porto Alegre fait partie de ces parenthèses innovantes durant lesquelles le citoyen tente de reprendre en main sa destinée politique. L’expérience du budget participatif, outil de la démocratie participative, mis sur pieds dans cette ville brésilienne en 1989, a permis d’impliquer de manière originale les citoyens en les faisant participer aux décisions concernant l’allocation du budget communal.

Devenue populaire, l’expérience a inspiré pas moins de 15000 expériences budgétaires dans le monde, dont celles du Maroc. Trois communes du Nord, Tétouan, Chefchaouen et Larache se sont lancées dans l’aventure, une expérience présentée mercredi à Rabat, lors d’un séminaire du Centre Jacques Berque animé par Mouna Saihi, sociologue et praticienne de la concertation.

Dans notre pays, comme l’explique Mouna Saihi, l’expérience du budget participatif, a été menée dans le cadre de l’initiative « promotion de la culture de reddition des comptes », un projet financé par l’union européenne et porté par le Réseau Méditerranéen des Médinas.

« Élus, associations locales et habitants ont pu donc interagir autour d’un processus inédit de participation citoyenne », rapporte Mouna Saihi qui explique qu’ « à l’issue d’une formation-action de six mois en faveur des associations locales, trois groupes moteurs BP (budget participatif) se sont constitués ». Aujourd’hui, des projets votés par les habitants comme l’installation de garde-corps, mains-courantes, bancs et poubelles dans certaines partie de la ville de Chefchaouen peuvent voir le jour.

« Ils sont devenus des véritables gardiens des intérêts de leur Médinas », note Mouna Saihi  qui rappelle que dans la réforme constitutionnelle de 2011, le Maroc a offert « un environnement législatif et institutionnel très favorable à l’exercice des droits de la société civile ».

L’article 1 de la constitution stipule que « Le régime constitutionnel du Royaume est fondé sur la séparation, l’équilibre et la collaboration des pouvoirs, ainsi que sur la démocratie citoyenne et participative ».  Une assise juridique qui ouvre théoriquement un large espace de manœuvre pour les citoyens désireux, à l’image des expériences des trois villes du Nord, s’investir dans la participation.

« Les rapports entre habitants et acteurs politique demeurent marqué par la méfiance et la méfiance », note Mouna Saihi, qui souligne néanmoins que « l’expérience d’interaction autour du budget participatif a permis de renforcer la vigilance citoyenne et à forcer les décideurs à faire transparaitre leur démarche et conduite dans le BP ».

La participation citoyenne, ajoute-t-elle a permis de « rééquilibrer relativement les pouvoirs, pouvoir politique et citoyen, en donnant aux habitants le droit de proposer des idées projets, de délibérer, de voter, de contrôler, et finalement de décider de l’intérêt de leur médina ».

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