A Washington, un début de transition sous le signe du soulagement

Hibapress / MAP

Deux semaines après avoir été déclaré vainqueur de l’élection présidentielle américaine, Joe Biden pourra enfin entamer le processus de transition en prévision de son investiture le 20 janvier prochain. Le président sortant Donald Trump, sans nullement concéder la défaite, a donné le feu vert à son administration pour coopérer avec l’équipe de transition du président élu, mettant fin à un retard qui a suscité l’inquiétude sur l’impact de la persistance du blocage sur le fonctionnement des institutions du pays, aux prises avec une crise sanitaire et économique aiguë, et ses répercussions sur l’image et le leadership des Etats-Unis.

La chef de l’administration des services généraux, Emily Murphy, qui avait officiellement retardé la transition invoquant l’incertitude sur les résultats, a déclaré lundi que son agence fournirait à M. Biden des ressources fédérales destinées à aider à un transfert en douce du pouvoir. En clair, le prochain locataire de la Maison Blanche aura désormais accès aux informations cruciales ainsi qu’aux millions de dollars de fonds publics pour assurer sa mission en prévision du jour J.

Sur Twitter, M. Trump a déclaré avoir chargé ses assistants de coopérer avec la transition, bien qu’il a réaffirmé sa détermination à poursuivre la bataille juridique pour annuler le résultat des élections.

«Je crois que nous vaincrons!», a-t-il réitéré. “Néanmoins, dans le meilleur intérêt de notre pays, je recommande qu’Emily et son équipe fassent ce qui doit être fait en ce qui concerne les protocoles initiaux, et ont dit à mon équipe de faire de même”.

Outre la Géorgie, le Michigan a validé lundi les résultats de l’élection, un nouveau revers pour M. Trump et son équipe juridique à l’heure l’impatience grandit, y compris parmi des alliés républicains du président au Congrès, en l’absence de preuves suffisantes pour étayer les accusations de fraude massive.

A la bourse de New York, les actions sont à la hausse ce mardi. “Les investisseurs semblent satisfaits des signes que la longue bataille pour le contrôle de la Maison Blanche touche à sa fin, réduisant les risques politiques”, estime le Wall Street Journal.

Il faut dire que Biden, dont l’équipe a qualifié le feu vert de Trump d’étape vers “un transfert pacifique du pouvoir sans accroc”, n’a pas véritablement attendu pour mettre en place sa transition.

Après avoir dévoilé les grandes lignes de son programme centré sur la lutte contre la pandémie du coronavirus, la relance économique et une politique étrangères recentrée sur le multilatéralisme, le président élu a déjà dévoilé les titulaires des postes clés de son futur cabinet.

“Nous n’avons pas de temps à perdre en ce qui concerne notre sécurité nationale et notre politique étrangère”, a déclaré Biden dans un communiqué annonçant ses nominations avant d’ajouter que “Ces individus sont tout aussi expérimentés et éprouvés aux crises qu’ils sont innovants et imaginatives”.

L’accent a été mis sur l’expérience avec souvent des noms qui ont déjà servi sous le président Barack Obama, donc figurant dans le cercle des proches, ainsi que la diversité pour mieux “ressembler à l’Amérique”, selon les propos de Biden, mais aussi sur des profils qui peuvent faire une certaine unanimité au sein du parti démocrate et obtenir, si nécessaire, l’aval d’un Sénat qui semble encore une fois destiné à être dominé par les républicains.

“Après la première série de nominations, il est clair que Biden choisit des personnes qui sont, incontestablement, des experts dans leur domaine plutôt que de grands noms de la politique démocrate”, analyse CNN sur son site qui fait état de “la première femme à superviser le département du Trésor. Le premier Latino et immigrant à diriger le Département de sécurité nationale. La première femme à diriger la communauté du renseignement”.

C’est ainsi qu’Antony Blinken a été nommé à la tête des Affaires étrangères, Jack Sullivan comme conseiller à la sécurité nationale, l’ancienne Secrétaire d’Etat adjointe Linda Thomas-Greenfield occupera le poste d’ambassadrice à l’ONU, alors que le portefeuille de directeur du renseignement national à Avril Haines. Le poste de secrétaire du Département de la sécurité intérieure revient à Alejandro Mayorkas. L’ancienne présidente de la Réserve fédérale (Fed) Janet Yellen doit hériter le poste de secrétaire au Trésor, une décision historique qui pourrait faire d’elle, une fois confirmée, la première femme à diriger ce département.

Par ailleurs, le président élu américain a nommé l’ancien secrétaire d’Etat, John Kerry au poste d’envoyé spécial présidentiel sur le climat, confirmant ainsi, selon les analystes, sa promesse de marquer le retour des Etats-Unis à l’Accord de Paris sur le climat après le retrait acté par Donald Trump.

“Faire venir l’ancien secrétaire d’État John Kerry en tant qu’envoyé présidentiel spécial sur le climat – et attribuer à ce poste un siège au Conseil de sécurité nationale – est un changement marquant par rapport à Trump, qui nie le changement climatique, a qualifié le réchauffement climatique de canular et a retiré les États-Unis de l’accord de Paris sur le climat”, estiment nombre d’experts.

Signe de sa volonté d’apaisement et de recherche de consensus dans une Amérique divisée, Joe Biden a assuré en évoquant le choix du future ministre du Trésor que “c’est quelqu’un qui sera accepté par tous les éléments du Parti démocrate(..) des coalitions progressistes aux coalitions modérées”.

L’ancien sénateur de Delaware entend réduire la fracture idéologique au sein de son parti. Il aura aussi besoin de mettre à profit sa longue expérience à Washington et ses talents de négociateurs pour favoriser les compromis partisans nécessaires dans un Congrès divisé sur des dossiers clés et urgents allant de la lutte contre le Covid-19, à la relance de l’économie et au renforcement du multilatéralisme pour faire face, entre autres, à la “menace existentielle” du dérèglement climatique.

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