FOOTBALL FÉMININ: COMMENT CONCILIER FOOTBALL ET MATERNITÉ. EXEMPLE VENU DES SAMOA

HIBAPRESS-RABAT-FIFA

Si la naissance de son fils Ezekiel il y a 18 mois lui a fait découvrir les joies de la maternité, Alisa Osborn, joueuse des Samoa, a craint de devoir renoncer à ses ambitions professionnelles. « On n’a cessé de me répéter qu’une fois que j’aurais un bébé, ce serait fini. On m’a dit que j’étais trop âgée et trop forte pour rejouer au football », explique-t-elle au micro de FIFA.com.

La milieu de 28 ans a pourtant honoré sa première cape avec les Samoa il y a deux semaines, lors de la victoire 2-0 sur Tonga en Coupe des Nations d’Océanie. Elle espère que son exemple montrera qu’il est possible de concilier enfants et carrière dans le football, même si elle est consciente des difficultés que cela peut poser.

« Je n’arrive pas à croire que j’ai accouché il y a un an et demi. Mon fils a grandi tellement vite. 18 mois plus tard, je retrouve le terrain, alors que je fais encore mes exercices postnatals du plancher pelvien », rit-elle.

La sélection féminine des Samoa se trouve actuellement à Suva, aux Fidji, où elle dispute la Coupe des Nations d’Océanie qui fait office de tournoi de qualification pour la Coupe du Monde Féminine de la FIFA™.

Osborn et les siennes se préparent à affronter la Papouasie-Nouvelle-Guinée , en demi-finale de la Coupe des Nations Féminine de l’OFC. Osborn, qui vit à Hawaï mais dont le père est originaire d’Apia, rêvait de représenter les Samoa depuis plus de huit ans, mais plusieurs facteurs l’en ont empêchée. Puis est venue la naissance de son fils.

« Je ne pensais pas y arriver », confie-t-elle. « Tout le monde m’assurait qu’il fallait choisir entre maternité et football. Mais j’ai réalisé que si quelqu’un disait à mon fils qu’il n’était pas capable de faire quelque chose, je lui conseillerais de lui prouver le contraire. C’est devenu ma motivation. En avril, j’ai décidé de tout faire pour intégrer l’équipe. »

Elle a ainsi traversé la moitié du globe à ses propres frais pour rejoindre un stage d’essai en Nouvelle-Zélande. La milieu polyvalente a non seulement dû composer avec la maternité, mais a fait face à des problèmes de santé, dont une blessure aux ischio-jambiers pendant le stage et un test positif au Covid à son arrivée à Suva. « Ça n’a pas été facile. Mais j’ai été motivée par l’héritage que je voulais laisser à mon fils et à la prochaine génération de joueuses océaniennes », affirme Osborn.

Elle souligne la nécessité d’un soutien financier et mental accru, en particulier dans les nations insulaires où les familles nombreuses sont la norme et où les femmes adhèrent souvent au rôle maternel traditionnel. « Les Océaniens sont très attachés à la famille, mais nous accordons aussi beaucoup d’importance aux rêves familiaux : le rêve de l’un devient le rêve de tous », rappelle-t-elle.

À la FIFA, la personne chargée de veiller à ce que le soutien soit fourni, avec son équipe, est la Directrice du Football Féminin de la FIFA, Sarai Bareman. Née d’un père néerlandais et d’une mère samoane, elle a représenté l’équipe nationale samoane, avant de devenir plus tard la Directrice Générale de la Fédération Samoane entre 2011 et 2014.

Dans son rôle à la FIFA, qu’elle a rejointe en 2016, Bareman a supervisé le lancement de la Stratégie du Football Féminin de la FIFA et une série de huit programmes de développement du football féminin, continuant à faire grandir le football féminin à l’échelle mondiale et, surtout, le rôle des femmes dans le football.

Au cours des 18 derniers mois, la Division Football Féminin de la FIFA, en collaboration avec des leaders mondiaux externes dans leurs domaines respectifs, a concentré ses efforts, entre autres sujets, sur la santé féminine : la nécessité de former, de développer et de préparer les femmes en tant que femmes, et pas seulement en tant que joueuses.

Le projet Santé Féminine de la FIFA vise à remédier au manque de recherches et de ressources disponibles pour les athlètes féminines et à donner à toutes les joueuses les moyens d’atteindre un stade de préparation optimal.

Un programme pilote spécifique – Préparation de l’Équipe Nationale Féminine – a vu la FIFA soutenir les associations membres de la région OFC avec leurs pratiques de haute performance. Cela a inclus la mise à disposition d’experts externes, dont des scientifiques du sport, pour travailler individuellement avec chaque association membre et renforcer les préparatifs de leur équipe nationale féminine.

Osborn partage sa chambre avec la milieu défensive Shontelle Stevens, qui est revenue en sélection après avoir donné naissance à Kyla, aujourd’hui âgée de trois ans. Les deux coéquipières se sont apporté un soutien émotionnel mutuel, car elles connaissent les difficultés du chemin qu’elles ont pris.

« Quand j’ai vu Shontelle chanter l’hymne national, je me suis mise à pleurer. Je sais ce que ce moment représentait pour elle en tant que mère et les sacrifices qu’elle a consentis pour être ici », poursuit Osborn.

En proie à une dépression postnatale, Stevens a abandonné le football pendant près de deux ans. « J’ai eu une grossesse difficile et j’ai pris une vingtaine de kilos par la suite », explique Stevens. « Je ne pouvais plus bouger comme avant. Je luttais contre la dépression et je ne pensais pas pouvoir reprendre les compétitions un jour. »

Un texto l’invitant à venir taper dans un ballon avec des amis a tout changé. « Kyla avait presque deux ans. Je suis allée au parc, j’ai ri, je me suis amusée. Ça m’a rappelé à quel point j’aimais le football et ce que ce sport m’avait apporté. C’est à ce moment-là que je me suis recentrée. Le football m’a sauvée, » pense-t-elle

Bien que ce soit son troisième tournoi international avec les Samoa, c’est « de loin le plus dur ». Elle a dû laisser Kyla à Auckland et elle espère qu’à l’avenir, les fédérations disposeront de davantage de fonds pour permettre aux joueuses de voyager avec leurs enfants, un message dont la Fédération Samoane de Football s’est fait l’écho.

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