CAN U-17 : Abdellah Ouazane, le coup franc, le trophée et l’héritage

HIBAPRESS-RABAT-CAF
Un coup franc direct, limpide, tendu. Une frappe sèche, enroulée avec justesse, qui a électrisé le stade El Bachir de Mohammédia et laissé Amedi Shaha, le gardien tanzanien, totalement impuissant. En une seconde, Abdellah Ouazane a fait plus qu’alourdir le score. Il a affirmé un style, une identité, une filiation. Petit frère de Zakaria, vice-champion d’Afrique U-17 en 2023, Abdellah a rappelé que chez les Ouazane, le football est une histoire de famille. Et de talent.
À seulement 15 ans, le milieu offensif de l’Ajax Amsterdam a signé un doublé lors de la victoire du Maroc contre la Tanzanie (3-0), une prestation pleine d’autorité et de maturité. Élu Homme du Match, il a reçu une distinction que son aîné avait déjà soulevée deux ans plus tôt, après un quart de finale remporté face à l’Algérie.
« Avant de venir ici, mon frère m’a dit qu’il fallait aller chercher le trophée et que je devais être bon. Je suis heureux d’avoir été élu Homme du Match aujourd’hui. Mon frère, qui est mon exemple, l’avait été lui aussi. Maintenant, on aura deux trophées de ce type chez nous », glisse Abdellah, avec un large sourire.
Un talent brut à façonner
Sous les projecteurs, le jeune meneur de jeu a brillé. Mais en coulisses, le cadre est strict. Nabil Baha, sélectionneur des Lionceaux de l’Atlas, n’épargne pas son joyau.
« C’est un joueur sur qui on compte énormément. Il peut faire la différence. Il est né en 2009, il ne faut pas l’oublier. Il a un an de moins que les autres. Mais il joue à l’Ajax, il est bourré de talent », rappelle l’ancien international marocain.
Un talent qu’il faut sans cesse piquer pour le garder éveillé.« Je lui ai dit ses quatre vérités à la mi-temps. Je sais ce qu’il peut nous apporter. Il peut nous faire gagner des matchs, comme aujourd’hui. » Avant de poursuivre : « Sur le premier match, il avait été correct. Mais le deuxième, j’étais vraiment mécontent. Il faisait partie de ceux qui ne couraient pas assez. Aujourd’hui, il dépasse les dix kilomètres… sans avoir joué tout le match. »
Du caractère et des jambes
Le message est clair. Le potentiel est immense. Mais encore faut-il savoir le canaliser.
« Ce sont des joueurs qu’il faut gérer différemment. Les cajoler, parfois, les secouer aussi. Je lui ai dit qu’il devait refaire ce genre de prestation. Si on veut aller au bout, si on veut battre l’Afrique du Sud, il nous faudra ce Abdellah. »
Et de conclure avec une formule aussi simple qu’implacable :« Aujourd’hui, le 100 %, ça ne suffit plus. Tout le monde donne 100 %. Ce qu’il faut, c’est le 120 %. Et lui, il en est capable. »
À Mohammédia, Abdellah Ouazane a rappelé qu’à 15 ans, on peut déjà porter un match et assumer un rôle de leader.