Risques cyber : une offre d’assurance en cours de développement

Hibapress
La ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah, a annoncé, mercredi à l’occasion du Rendez-vous de Casablanca de l’Assurance, qu’une offre d’assurance contre les risques cyber est en cours de développement.
« En 2022, 82% des grandes compagnies d’assurance mondiales ont été la cible de ransomwares. Le Maroc a réagi avec vigueur, en adoptant la loi 20-05 sur la cybersécurité, et en mettant en place une directive nationale pour renforcer la sécurité des systèmes d’information. Il s’agit de créer un environnement de confiance, où la donnée devient un actif protégé, et non une vulnérabilité. Le développement d’une offre d’assurance contre les risques cyber est aussi en cours », a dit Mme Fettah lors de cette 11ème édition qui se tient jusqu’au 17 avril.
Elle a, à cet effet, insisté sur l’importance d’anticiper les besoins des entreprises, des institutions et des citoyens, face à une menace qui ne cesse de croître.
Mettant l’accent sur le thème retenu cette année pour cet événement, « Nouvelles technologies et IA : Quelles opportunités pour l’assurance ? », la ministre a indiqué que l’intelligence artificielle (IA) constitue une « formidable opportunité » pour le secteur du fait qu’elle permet l’automatisation de la souscription, la détection des fraudes, la personnalisation des offres, ou encore l’analyse prédictive des risques.
Et de poursuivre : « Aux Etats-Unis, une compagnie d’assurance automobile a réduit de 70% les tâches manuelles liées aux sinistres grâce à un bot IA. De quoi faire rêver plus d’un gestionnaire de portefeuille. Mais l’IA va plus loin. En Afrique, elle rend possible l’accès à l’assurance dans les zones les plus reculées, à travers des solutions mobiles et digitales ».
Dans ce sens, Mme Fettah a cité le Kenya comme exemple inspirant, avec l’assurance santé via mobile, qui a changé la vie de millions de citoyens, affirmant que Maroc, de son côté, avance aussi dans cette voie, avec une stratégie d’inclusion financière qui cible les jeunes, les femmes et les populations rurales.
La ministre a, par ailleurs, relevé que le rôle de l’assurance est central, en particulier dans un contexte où les catastrophes naturelles sont de plus en plus fréquentes (inondations, sécheresse, séisme, …).
Selon elle, « les technologies émergentes, notamment les satellites, les drones, l’IoT et l’IA, permettent aujourd’hui de prédire, surveiller et tarifer les risques avec une précision inédite ».
Elles permettent également l’essor de l’assurance paramétrique, qui déclenche automatiquement l’indemnisation dès qu’un seuil prédéfini est atteint, a ajouté Mme Fettah, notant que ce type d’assurance, fondée sur des données objectives, peut faire la différence pour des agriculteurs, des artisans et des petites et moyennes entreprises (PME) qui ont besoin d’une réponse rapide pour survivre à un choc.
Cependant, si ces innovations sont porteuses d’espoir, elles ne sont pas sans défis, a fait remarquer la ministre. « L’intégration de ces technologies suppose des investissements importants, une montée en compétence des équipes, et une évolution du cadre réglementaire. Elle nécessite aussi de garantir la sécurité des données. Car avec la prolifération des capteurs et des plateformes, la question de la gouvernance des données devient cruciale », a-t-elle détaillé.
Parallèlement, Mme Fettah a souligné la nécessité de préserver l’équilibre entre personnalisation et mutualisation. « L’IA permet de cibler finement les profils, mais attention à ne pas fragmenter le risque au point d’exclure les plus vulnérables. L’inclusion doit rester au cœur de notre modèle ». La ministre a estimé que l’assurance de demain sera plus agile, plus numérique, mais elle devra aussi être plus équitable, plus résiliente et plus solidaire.
Par ailleurs, Mme Fettah a salué la forte présence africaine à cette édition du Rendez-vous de Casablanca de l’Assurance, et félicité le Ghana, mis à l’honneur cette année. « Le Ghana incarne une dynamique d’innovation, d’agilité technologique et d’intégration régionale, en phase avec la vision que nous partageons pour un continent tourné vers l’avenir ».
Organisé par la Fédération Marocaine de l’Assurance (FMA), le Rendez-vous de Casablanca de l’Assurance, qui est placé sous le haut patronage du Roi Mohammed VI, constitue une occasion pour discuter du rôle croissant de l’IA dans l’assurance qui est un secteur en constante évolution.
La FMA est une association qui rassemble les 25 entreprises d’assurances et de réassurance opérant au Maroc. Son rôle principal est d’entreprendre toute action jugée opportune pour ses membres et œuvrer dans l’intérêt du secteur des assurances.