Les mathématiques ne resteront plus élitistes, « Malika Zaghouti » Professeur des mathématiques au lycée Fahd à Tanger

Hibapress / Malika Zaghouti

Je me souviens toujours des paroles résonnantes de mon professeur de didactique, qui, lors d’une conférence à l’école supérieure des enseignants en 1991, a dit, que les méthodologies et les approches didactiques œuvrent, pour rendre les mathématiques accessibles à tout le monde et non pas uniquement aux élites.
Sa profondeur et la manière de l’enseigner font d’elles, une matière difficile à comprendre car elle exige une concentration totale, qui n’est supportée que par les élites.
Cette constatation a coïncidé avec les différents changements au niveau mondial dans les approches didactiques. Aux Etats-Unis, l’American Psychological Association (Chicago Community) a organisé une conférence à Boston en 1948 pour étudier les problèmes de l’enseignement et du système d’examen. Le phénomène de redoublement et d’échec des élèves a augmenté en raison de l’adoption de l’approche par contenu. L’élève ou l’étudiant reçoit le contenu et le titre de la leçon et est évalué dans un monde de connaissances trop vaste tournant autour de ce titre, la majorité erre.
Après plusieurs années de recherches, l’une des plus importante découverte réalisée par le groupe de Chicago, c’est que l’enseignement doit s’exercer selon l’approche par objectif dans laquelle il faut préciser l’objet de la leçon puis il faut mesurer, remédier, évaluer et examiner, ce qui abouti à une amélioration significative observée dans les notes des élèves et étudiants.
L’approche par objectif a été adoptée au Maroc dans les années 90, cependant plusieurs problèmes se sont révélés l’enseignement Marocain à savoir:
– L’accentuation de l’analphabétisme chez les adultes
– L’abandon scolaire : l’échec conduit à quitter l’école très tôt
– L’augmentation du chômage des jeunes
– L’incohérence du marché de l’emploi et du travail avec les formations
– L’insuffisance de l’infrastructure scolaire…

Ces circonstances ont amené le Maroc à former un comité élargi dans le but d’étudier les affaires éducatives en 2000, ce comité a été composé des: Intellectuels, intéressés par le domaine éducatif, partis politiques représentés au parlement et organisations de la société civile. Plusieurs recommandations ont émergés des discussions de ce comité et qui ont été considérées comme des documents pédagogiques constitutionnels dénommés la charte nationale de l’éducation et de la formation qui s’est intéressée à la généralisation de la scolarisation, à la réduction de l’analphabétisme, et enfin à la création des parcours professionnelles dans l’enseignement.
L’essentiel soulevé par cette charte a été l’introduction dans le système d’enseignement marocain d’une nouvelle approche appelée : Approche par compétence. Au lieu de présenter la leçon par le professeur et attendre la restitution par l’élève, ce dernier est intégré dans le processus de scolarisation/d’apprentissage dans lequel se pose les situations
–problèmes pour que l’apprenant, encadré par le professeur, obtienne la résolution du problème. L’apprenant se trouve au centre de l’opération d’enseignement/apprentissage puisque cette pédagogie lui permet de mobiliser ses ressources afin de résoudre les différentes situations

–problèmes auxquelles ce dernier est confronté. Ainsi, « la notion de compétence devient le principe directeur dans l’organisation des activités d’apprentissage».
L’élève deviendra un centre de processus éducatif d’enseignement/apprentissage pour apprendre à faire son propre apprentissage et à mener son projet avec une mentalité critique, et ainsi être capable de s’intégrer au marché du travail pour être utile à lui-même et à sa communauté.
Ce qui a été évoqué par la charte nationale reste énorme à mettre en place. L’évolution du processus éducatif est restée très lente, un plan pratique et réaliste a été proposé pour l’application des principes de la charte dénommée le livre blanc.
Sa Majesté a ensuite appelé à l’accélération du rythme des réformes en lançant le Programme d’urgence (2009-2013), qui a permis de généraliser largement la scolarisation.

Le mouvement éducatif a continué d’interagir et s’est forcé à sortir l’éducation de sa situation difficile lui permettant d’atteindre l’objectif envisagé. Une institution constitutionnelle a été constituée sous le nom du conseil supérieur d’éducation, de formation et de recherches scientifiques (2015-2030), son rôle s’inscrit dans la mission consultatif,
suggestif et d’évaluation sous le slogan « Pour une école de l’équité, de la qualité et de la promotion », et s’est engagée à mettre en place vingt leviers pour faire de l’école un espace distingué et ouvert sur le domaine économique et social, et attacher aussi l’importance aux

spécialités et à la formation professionnelle, cohérent et inclusif, accordant aux langues un lieu privilégié où le diplômé domine l’arabe, communique en amazigh et maitrise au moins deux langues étrangères, il a également attiré l’attention sur l’égalité des chances en aidant les nécessiteux et les handicapés, en cherchant des solutions au décrochage scolaire par l’éducation informelle, en levant l’isolement de la compagne et en construisant plus d’écoles
de proximité, tout en respectant les constantes et les valeurs sacrées du Maroc ….
Les mathématiques (comme d’autres matières) ont interagi et ont été influencées dans le cours historique pour développer et réformer de l’éducation, Plutôt que de rester dans l’approche du contenu, perdue dans l’océan des connaissances et d’informations, cette matière a été codifiée avec l’approche des objectifs et des compétences, confinée à un ensemble de propriétés, pour un bon emploi et une bonne composition. Il a été constaté une augmentation significative dans les notes des mathématiques, en particulier, dans les sections où les mathématiques sont fondamentales mais complémentaires, par exemple dans la section des sciences expérimentales.
La question qui demeure: Les mathématiques ont-elles perdu leur élitisme?
Nous constatons qu’en réalité, les mathématiques n’ont pas perdu et ne perdront pas leur élitisme, parce que seuls ceux qui ont dévoué leur amour et leur profonde passion aux disciplines des mathématiques pures et respectent les conditions d’intégrité, de concentration et de présence mentale, peuvent y accéder et les suivre. Cette catégorie ou élite (mathématiquement) dirige le développement scientifique et l’innovation au niveau mondial.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page
close button