Sortie de la Russie : Quel avenir attend l’initiative céréalière de la mer Noire ?

Hibapress

A quelques heures de l’expiration de l’initiative céréalière de la mer Noire, un ensemble de deux accords parrainés par les Nations unies et la Turquie et conclus séparément avec Kiev et Moscou en juillet 2022, la Russie a décidé d’y mettre un terme, douchant les espoirs d’une éventuelle prolongation.

Lundi, le porte-parole de la présidence, Dmitri Peskov, a affirmé que Moscou prolongera l’accord sur les céréales dès que les dispositions concernant la Russie seront mise en œuvre.

« L’accord céréalier est arrêté. Lorsque la partie de l’accord sur la mer Noire concernant la Russie sera mise en œuvre, la Russie reprendra immédiatement la mise en œuvre de l’accord », a déclaré M. Peskov lors d’une téléconférence avec des journalistes.

Selon la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, la Russie a officiellement notifié à la Turquie, à l’Ukraine et au Secrétariat de l’ONU son objection à la prolongation de l’accord sur les céréales.

« La Russie a officiellement notifié aujourd’hui les parties turque et ukrainienne, ainsi que le secrétariat de l’ONU, de son objection à la prolongation de l’accord », a annoncé la responsable, notant qu’un communiqué contenant des explications détaillées sur la position russe sera publié par la diplomatie russe.

Jeudi dernier, le président russe Vladimir Poutine avait indiqué que la Russie pourrait suspendre sa participation à l’accord sur les céréales jusqu’à ce que toutes les conditions concernant le deuxième volet de l’accord soient remplies.

L’accord sur les céréales est un « jeu à sens unique », rien de ce qui concerne les intérêts russes n’a été fait, avait-il indiqué dans un entretien accordé à la chaîne de télévision Rossiya 24″.

« C’est un jeu à sens unique. Pas un seul point lié aux intérêts de la Fédération de Russie n’a été respecté. Malgré cela, nous avons volontairement prolongé cet accord à plusieurs reprises. De nombreuses fois. Mais trop c’est trop », avait-il déclaré, avant de réitérer la même position, quelques jours plus tard, lors d’un entretien téléphonique, samedi, avec son homologue sud-africain, Cyril Ramaphosa.

« Le principal objectif de l’accord, la livraison de céréales aux pays dans le besoin, notamment sur le continent africain, n’est pas réalisé », avait notamment fait savoir le Président russe.

Certains experts sont convaincus que, cette fois, Moscou est fermement déterminée à se retirer de l’initiative céréalière de la mer Noire.

Pour Andreï Kochkine, chef du département d’analyse politique de l’Université russe d’économie de Plekhanov, la Russie refuserait de prolonger l’accord.

« Si la situation ne change pas, il semble que nous puissions suspendre notre participation à cet accord quadripartite. Il est très probable que l’accord ne soit pas prolongé, parce que le président n’a jamais parlé de cette manière », a indiqué l’expert, cité par le quotidien « Izvestia ».

La Russie a annoncé à maintes reprises son intention de se retirer de cet accord, pointant une mise en œuvre  »déséquilibrée » ainsi que  »l’absence de progrès concrets » concernant une série de conditions posées par Moscou.

L’initiative a été prorogée au forceps pour une durée de deux mois, le 17 mai dernier, à l’issue d’intenses négociations sans pour autant régler les principaux points d’achoppement liés à la partie russe de l’accord.

En avril dernier, Moscou avait, en effet, conditionné la prorogation de l’accord à la réalisation de progrès concernant cinq exigences, allant de la reconnexion de la banque russe spécialisée dans l’agriculture Rosselkhozbank, à la reprise du fonctionnement du pipeline d’ammoniac Togliatti-Odessa.

Or, une portion de cette infrastructure de près de 2.400 km de long a été détruite le 5 juin près de Massioutovka, un petit village dans la région de Kharkiv (nord-est de l’Ukraine). Un acte dont Moscou et Kiev s’accusent d’en être responsables, mais qui risque d’avoir un « impact négatif » sur l’avenir de l’accord céréalier, selon le Kremlin.

Dimanche, le navire Samsun battant pavillon turc a quitté le port ukrainien d’Odessa, devenant ainsi le dernier bâtiment à livrer des denrées alimentaires dans le cadre de l’accord, qui a été renouvelé en novembre, mars et mai.

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