COVID ET GUERRE DE RUSSIE-UKRAINE OU LA LUTTE CONTRE L’INFLATION

HIBAPRESS-RABAT-BM

Une étude met en évidence les circonstances exceptionnellement difficiles dans lesquelles les banques centrales luttent aujourd’hui contre l’inflation. Plusieurs indicateurs historiques des récessions mondiales envoient déjà des signaux d’alarme. L’économie mondiale connaît actuellement sa plus forte décélération après une reprise post-récession depuis 1970.

La confiance des consommateurs dans le monde a déjà enregistré une baisse bien supérieure à celles observées dans les périodes précédant les épisodes passés de récession mondiale. Les trois plus grandes économies du monde — États-Unis, Chine et zone euro — enregistrent un ralentissement marqué. Dans cette situation, même un coup modéré porté à l’économie mondiale au cours de l’année prochaine pourrait la faire basculer dans la récession.

L’étude s’appuie sur les enseignements des précédentes récessions mondiales pour analyser l’évolution récente de l’activité économique et présente des scénarios pour 2022-2024.

Un tassement comme celui qu’on observe actuellement appelle généralement une politique anticyclique pour soutenir l’activité. Toutefois, la menace de l’inflation et une marge de manœuvre budgétaire limitée incitent les responsables politiques de nombreux pays à mettre un terme aux mesures de soutien, alors même que l’économie mondiale ralentit fortement.

L’expérience des années 1970, les réponses politiques à la récession mondiale de 1975, la période de stagflation qui a suivi et la récession mondiale de 1982 témoignent du risque que fait peser une forte inflation prolongée dans un contexte de croissance atone.

Lors de la récession mondiale de 1982, les économies en développement ont connu leur deuxième plus faible taux de croissance des cinq dernières décennies (après celui de 2020). Cette récession a déclenché plus de 40 crises de la dette et a été suivie d’une décennie de croissance perdue dans nombre de ces pays.

Les banques centrales doivent poursuivre leurs efforts pour maîtriser l’inflation, et l’étude souligne qu’il est possible d’y parvenir sans pour autant déclencher une récession mondiale. Néanmoins, cela nécessitera une action concertée de la part de plusieurs acteurs :

Les banques centrales doivent communiquer clairement leurs décisions tout en préservant leur indépendance, ce qui pourrait contribuer à stabiliser les anticipations d’inflation et à réduire le degré de resserrement nécessaire. Dans les économies avancées, les banques centrales doivent être attentives aux répercussions internationales d’un durcissement monétaire. Et dans les économies de marché émergentes et en développement, elles doivent renforcer les réglementations macroprudentielles et constituer des réserves de change.

Les autorités budgétaires devront soigneusement calibrer le retrait des mesures de soutien budgétaire, tout en veillant à la cohérence avec les objectifs de la politique monétaire. La proportion de pays qui resserreront leur politique budgétaire l’année prochaine devrait atteindre son niveau le plus élevé depuis le début des années 1990, ce qui pourrait amplifier les effets de la politique monétaire sur la croissance.

Les responsables devraient également élaborer des plans budgétaires crédibles à moyen terme et apporter une aide ciblée aux ménages vulnérables.

Les autres responsables de la politique économique devront participer à la lutte contre l’inflation, notamment en prenant des mesures énergiques pour stimuler l’offre mondiale. Ils devront s’attacher à :
Assouplir les contraintes du marché du travail. Les mesures prises doivent contribuer à renforcer la participation au marché du travail et à réduire les pressions sur les prix. Les politiques du marché du travail peuvent aussi faciliter le reclassement des travailleurs privés de leur emploi.

Stimuler l’offre mondiale de produits de base. Une coordination mondiale peut grandement contribuer à accroître l’offre de denrées alimentaires et d’énergie. En ce qui concerne les matières premières énergétiques, les responsables politiques devraient accélérer la transition vers des sources d’énergie à faible teneur en carbone et introduire des mesures visant à réduire la consommation d’énergie.

Renforcer les réseaux commerciaux mondiaux. Les décideurs politiques doivent coopérer pour atténuer les goulets d’étranglement de l’offre mondiale. Ils devraient soutenir un ordre économique international fondé sur des règles, à même de contrer la menace du protectionnisme et de la fragmentation qui pourrait perturber davantage les réseaux commerciaux.

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